JEUDI 16 MAI
Le petit déjeuner apporté sur un plateau dans notre studio est bien agréable avant de partir à la découverte de Valparaiso.Cette ville a la réputation d'avoir certains quartiers qui "craignent" !
Deux associations très recommandées : "Tours 4 Tips" et "Valp'o Top" proposent des circuits pédestres. Les guides Chiliens nous font découvrir l'Art Urbain, l'histoire, la cuisine et parlent aussi de politique. A la fin, on donne un pourboire dans une fourchette de prix annoncée au départ, entre 5000 et 10000 pesos, c'est très raisonnable pour une balade guidée d'au moins 3 heures avec des infos au top !
Le départ est sur la place "Sotomayor"(où se trouve une caserne de pompiers), nous avons choisi l'excursion de 10h avec "Tours 4 Tips". Les guides portent des polos rayés rouge et blanc, les touristes se regroupent autour d'eux. Ce matin, il y aura deux groupes, l'un en espagnol , l'autre en anglais. Nati accompagne le tour en espagnol sur le thème "Valparaiso Alternatif". Ci-contre, l'escalier qui borde l'ascenseur de la Cordillera que nous découvrons en début de circuit.
Nous empruntons la "calle Serrano" pour arriver à la place "Echaurren", quartier où les propriétaires de notre logement nous avaient déconseillé d'aller. L'église de La Matriz que l'on aperçoit derrière nous a été reconstruite 15 fois à cause des tremblements de terre.
En chemin, Nati explique le mot "animita", panneau commémoratif pour rappeler la mort d'une ou plusieurs personnes, là, il s'agit de plusieurs qui sont décédées dans un incendie. Rien n'a été reconstruit car les normes liées au classement à l'Unesco de certains quartiers de Valparaiso sont draconiennes et c'est souvent trop onéreux pour les propriétaires. Un peu partout au Chili, il y a ces panneaux commémoratifs pour le décès de quelqu'un, en particulier le long des routes avec même parfois une petite construction.
Notre guide nous parle du quartier où nous nous trouvons; on y vient pour y faire la fête et, lorsque les gens ont bu, il y a souvent des problèmes.
Un bus "Micro" nous conduit sur les hauteurs de la ville; on apprend que les chauffeurs de bus sont payés au nombre de fois où ils font leur circuit donc ils conduisent toujours vite et sont pressés de vous voir monter ou descendre ! Valparaiso est composée de plusieurs collines appelés "Cerro". Nous allons dans le "Cerro Carcel". Le bus nous arrête dans la rue "Alemania", près de la place "Bismark"(évidemment les allemands ont habité ce quartier assez chic).
De la place, le point de vue sur la ville est spectaculaire. Nous découvrons de gigantesques fresques sur les murs. Certaines maisons sont simplement peintes et les couleurs donnent du charme à toutes ces logements imbriquées les uns dans les autres. Il y a peu de grands immeubles car c'est réglementé et même interdit dans certains "cerros" classés à l'Unesco.
Les céramiques sont fréquentes et ajoutent leurs couleurs et leurs motifs aux fresques colorées du Street Art de la ville
La rue "Cumming" descend jusqu'à la place "Anibal Pinto" ; on y fait de nombreux arrêts dont de superbes points de vue sur la baie de Valparaiso avec, en avant plan, les fresques.
Nous voyons l'ancien pénitencier en briques, près de la rue "Dinamarca" et à côté le centre culturel ouvert gratuitement à tous où il y a actuellement une expo sur Gaudi.
La visite de la prison où il y a eu des prisonniers politiques sous le régime de Pinochet rappelle les heures sombres du Chili. On y voit de vieilles photos des lieux et des détenus.
Le bâtiment a été reconverti en un espace commun à tous, on peut y trouver des livres et des documents à consulter à l'intérieur et l'extérieur est un espace vert où un jardin original est entretenu.
Nous passons devant les deux grands cimetières de Valparaiso. Un arrêt à la place du "Descanso", où la vue sur la ville vaut aussi le détour, permet une séance photo.
Nati nous parle d'une course cycliste célèbre " Cerro Abajo"où les coureurs descendent avec la caméra sur le casque en passant par tous les types de passages dont des escaliers.
Nous arrivons à la place Anibal Pinto après avoir emprunté des dédales de ruelles et d'escaliers à la décoration surréaliste. On remonte la rue Esmeralda jusqu'aux bureaux de "Tours 4 Tips" où se termine cette fabuleuse balade dont je n'ai pas pu raconter tous les détails.
Quelques mots sur deux spécialités : un cocktail appelé "jote" composé d'un litre de vin rouge et d'un litre ce coca; et, la "chorillana" avec viande, frites, oignons et oeufs (qui se déguste avec une bière Altamira") !
Merci Nati pour cette belle découverte de ta ville !
La dernière photo est celle de l'ascenseur Reina Victoria. Ces vieux funiculaires sont classés au Patrimoine de l'Unesco et servent aux habitants pour grimper dans les "Cerros".
Nous déjeunons avec le menu du jour dans un restaurant populaire de la rue "Serrano", la "Taverna de Oscar".
Retour à Place Sotomayor à 15h30 pour un autre tour mais cette fois en français avec "Valp'o Top", les guides portent des tee-shirts noirs.
Juan, lui-même artiste graffeur, nous accompagne dans les "Cerros Alegre et Conception", touristiques et classés à l'Unesco, à la découverte des peintures murales. Dans le passage Bavestrello, il nous montrera une de ses fresques signée "Juanitovade".
Le tour commence par un passage sur le port, puis, nous revenons sur nos pas pour prendre l'ascenseur Péral et rejoindre le passage "Yougoslavo" dans le "Cerro Conception". Nous surplombons la ville basse. Juan explique les différents types de graphs, du plus simple(un mot écrit à la bombe sans rien d'autre, les mots avec du relief, souvent des noms) aux fresques murales extraordinaires. Il y a aussi des dessins reproduits en série dans la ville, souvent à l'aide d'un pochoir, comme le visage de Jack Nicholson dans "Shining" !
Certaines œuvres ont bien sûr des messages politiques, par exemple, à propos des peuples minoritaires comme les "Mapuches".
Dans ce parcours, nous verrons aussi des beaux bâtiments abritant des lieux officiels ou culturels, la dernière photo montre le musée Baburizza.
A Valparaiso, les maisons, souvent en adobe et en bois, conçues pour résister aux tremblements de terre, ont été recouvertes avec des plaques de tôles ondulées provenant des containers des bateaux du port. Les habitants ont commencé par les peindre puis les dessins sont arrivés peu à peu. D'abord grâce à Pablo Neruda qui avait vu des dessins revendicatifs au Mexique au début du XXème siècle et qui a fait connaître cet art dans cette ville où il a une maison. Ensuite, évidemment la lutte contre la dictature a amené les opprimés à s'exprimer sur les murs. et puis ensuite, des artistes de rues sont venus pour embellir la ville qui a toujours été porteuse de nombreuses revendications dans le pays.
Il suffit de demander l'autorisation au propriétaire pour pouvoir faire une fresque sur son mur; il accepte la plupart du temps pour éviter les tags disgracieux.
Nous nous promenons dans le Cerro Conception en empruntant des ruelles, des passages étroits à la découverte de fresques magnifiques. Juan donne des explications sur ce que l'artiste a voulu exprimé pour les plus célèbres. On finit par reconnaître les peintures de certains qui travaillent sur un même thème, par exemple, la mer et l'ile de Chiloé ou un autre qui peint des visages d'un style très particulier.
Notre guide nous arrête dans un petit bar où il nous offre une petite dose de "Pisco Sour", toujours très bon ! La balade se poursuit au "Cerro Alegre"et se termine au passage "Dimalow". Juan nous a aussi parlé des difficultés des retraités (système AFP)qui les obligent souvent à travailler encore, de l'argent nécessaire pour pouvoir faire ses études dans de bonnes écoles, de l'exploitation minière où on exporte la matière première, par exemple le cuivre mais ensuite, on importe les produits finis en cuivre au lieu de les fabriquer .... Bref, le Chili, un des pays les plus riche d'Amérique Latine a encore beaucoup à faire pour améliorer la vie de ses habitants.
Sur les marches de la photo, les paroles d'une chanson connue ici.
Un ciel rosé complète les couleurs des façades de la ville avant que la nuit tombe.
Merci Juan pour la passion avec laquelle tu parles de ton art et de ton pays.
Le retour de nuit dans les ruelles désertes jusqu'à notre logement se passe bien.
Le dîner se fait au studio car le restaurant où nous voulions aller pour l'anniversaire de Michel est fermé.